Dépasser l’IA en quittant les écrans

Prisonnière d’une transformation majeure, je suis restée silencieuse ces derniers mois. L’intelligence artificielle a redessiné ma vie de traductrice interprète, dérobant une part de mon travail pour m’offrir un précieux trésor : le temps.

Une expérience complexe, où les émotions ont oscillé entre surprise, colère, frustration et gratitude. Laissez-moi vous expliquer.

D’abord, il y a bien longtemps, à la fin des années 1990, l’avènement des outils de traduction assistée par ordinateur a apporté une bouffée d’air aux traductrices et traducteurs. Ces logiciels, trop complexes pour le grand public, ont simplifié nos tâches répétitives. En 2015, j’ai même été référente pour une plateforme fusionnant traduction assistée et automatique. En plein cœur du processus, j’ai senti le vent tourner.

Les outils de traduction automatique se popularisaient, parfois déroutants mais souvent suffisants pour une compréhension globale. Puis, leur intégration dans les réseaux sociaux a introduit une acceptation générale de la médiocrité. Face à ce bouleversement, j’ai recentré mon rôle d’interprète et de traductrice sur l’aspect humain. Parallèlement, j’ai développé les activités de guide touristique et d’animatrice d’ateliers d’écriture pour quitter les écrans et célébrer l’interaction humaine.

Pensant être prête à la révolution des métiers cérébraux, j’ai été prise de court par l’essor massif de l’IA début 2023. En quelques secondes, elle réalise ce qui demanderait des heures de travail à un être humain : rédaction, correction, analyse, reformulation, transcription, traduction, sous-titrage ou synchronisation. Tout cela avec une aisance déconcertante. Ce n’est pas encore parfait, mais je l’ai suffisamment testée pour constater ses performances stupéfiantes. Bien que perfectible, l’imperfection semble satisfaire les besoins de la majorité. Cette réalité effrayante a engendré une forte baisse de la demande en traduction humaine, impactant profondément le quotidien des traductrices et traducteurs.

Quant à moi, interprète-traductrice, dans cette ère inédite ? Ce monde assisté, automatisé, artificiel ? Je reste humaine, ayant gagné du temps malgré moi. Bien que mon activité professionnelle perdure, cette liberté retrouvée a réveillé ma créativité. Mes pinceaux et crayons ont renoué avec le papier, ravivant ma passion pour la peinture, l’écriture et le dessin…

En résultat, je découvre une nouvelle expression artistique au quotidien, une source d’épanouissement inattendue.

Et vous ? Quelle est votre histoire avec l’IA ? Partagez vos expériences et réflexions sur son impact dans votre vie. Chacun a son propre récit à raconter, ses défis à surmonter et ses découvertes à partager.

Ensemble, explorons ce nouveau chapitre technologique et humain qui redessine nos vies.

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