La poésie et l’IA – est-ce compatible ?

Aujourd’hui, j’avais envie de tenter une nouvelle expérience avec l’intelligence artificielle ChatGPT. Je lui ai demandé d’écrire un haïku sur une bougie en hiver. Sa réponse se fait un peu plus attendre que d’habitude, certainement en raison de la contrainte du nombre de syllabes (5 – 7 -5) à respecter.

Puis, les mots apparaissent sur l’écran, l’un après l’autre, en respectant ma demande et les règles d’un haïku. Voici le résultat :

Bougie hivernale
Brillant dans la nuit froide
Chaleur et lumière

Dans un premier temps, je suis profondément choquée, je l’avoue. C’est bien un haïku qui parle d’une bougie en hiver. Quelque chose me dérange et je n’arrive pas encore à savoir quoi.

Alors je lui demande d’en écrire un autre.

Voici le résultat :

Bougie vacillante,
Eclaire les ténèbres froides,
Espoir dans l’hiver sombre

Puis je ne ressens trop rien. Rien de différent par rapport au premier en tout cas. Alors, j’analyse les deux haïkus en les comparant à deux haïkus que j’avais rédigés dernièrement en respectant les mêmes contraintes d’écriture.

Haïku artificiel ChatGPTHaïku humain Agnes Heisler
Bougie hivernale
Brillant dans la nuit froide
Chaleur et lumière  
Elle éclaire mon cœur
Qui bat plus fort que jamais
Alors la neige fond
Bougie vacillante,
Eclaire les ténèbres froides,
Espoir dans l’hiver sombre  
Sa petite flamme danse
Au milieu du vent glacial
Et mon cœur s’échauffe  

En lisant mes haïkus, je ressens quelque chose. C’est évident pour moi. Les deux haïkus humains (c’est un truc de dingue de parler ainsi dans le domaine de l’art) font naître une émotion, alors que les haïkus artificiels sont plats et se ressemblent entre eux. Et pourquoi ? Leur terminologie ne pioche que dans celle directement liée à bougie (bougie – brillant – chaleur – lumière …) et à hiver (hivernale – froide – glacial …). Les deux haïkus humains cherchent leurs idées ailleurs et ce vocabulaire inattendu nous touche.

Pour parfaire l’expérience, je demande à ChatGPT d’écrire un haiku sur la mer en été, puis un dernier sur un coucher de soleil en hiver.

Haïku artificiel ChatGPTHaïku humain Agnes Heisler
Vagues de l’été,
La mer bleue scintillante
Sérénité pure  
Tu portes ta robe bleue
Reflètes le sourire du ciel
Et danses comme l’été  
Coucher de soleil
Sur un ciel d’hiver glacé,
Une dernière lueur  
Le ciel gris s’allume
Caresse les cœurs fatigués
Et nos joues rougissent  

Je les compare aux miens et arrive au même résultat qu’avant.
Comme c’est rassurant, pour l’instant en tout cas.
Un haïku artificiel est techniquement correct mais il ne peut pas prétendre à un statut artistique ! Il est trop fade pour cela, en tout cas à mon goût.

Vive le cerveau humain capable de briser les chaines pour nous ouvrir les portes vers la liberté.

La liberté de penser et d’inventer.

A vos plumes !