Lors du premier confinement au mois de mars 2020, j’ai commencé à m’intéresser à l’écriture des dialogues. C’est à cette période que tout a commencé à tourner autour du « coronavirus ». Alors, j’ai voulu aborder ce sujet tout en restant positive. Exercice délicat qui m’a toutefois fait le plus grand bien. Et aujourd’hui, en mars 2021, ma vision utopique semble plus réelle que l’année dernière (cf. dernier paragraphe).
Affaire à suivre…..

3 juillet 1712 apr. C.-V.

Juliette entre dans la cuisine et jette son cartable dans le coin.
– C’est complètement fou ce qu’on fait en histoire en ce moment !

Matthieu ouvre le four pour sortir le gâteau aux pommes qu’il vient de préparer.
– Ah bon ?
– Oui, l’ère avant le calendrier harmonique.
– Et pourquoi c’est complètement fou ?
Juliette sort deux assiettes du vieux placard, s’assoit sur une des chaises dépareillées et attend sa part du gâteau.
– Ah, il y a tellement de trucs incroyables. La première guerre mondiale en 106 av. C-V. et ses 20 millions de morts par exemple ! Ils sont morts de quoi pendant la guerre ?
Son père sert le gâteau et s’assoit face à sa fille.
– Les êtres humains s’entretuaient pour le pouvoir. Ils étaient capables du pire pour gagner un bout de terre. Avec des armes ils se coupaient des membres ou tiraient des balles dans leurs corps. Ils envoyaient aussi des grosses bombes pour tout détruire. C’était ça la guerre. Heureusement que la terre appartient à la Nature maintenant !
Juliette arrête de se lécher les doigts et regarde son père.
– C’est clair.
– D’ailleurs, c’était un métier à l’époque.
– Un métier ?
– Un métier de tuer.
– Quoi ?
Matthieu regarde le gâteau dans sa main et n’arrive plus à croquer dedans.
– Oui, Juliette. Il en existait même plusieurs. Le bourreau tuait des gens parce qu’ils avaient fait quelque chose d’interdit. Ça pouvait être un meurtre, une couleur de peau ou une croyance différente. Le soldat tuait des êtres humains pendant la guerre au risque de se faire tuer à son tour. Le chasseur, le pêcheur et le boucher tuaient des animaux pour les manger, sans aucun risque de se faire manger.
– Ah ! Du sang partout ! Pourtant, il y avait déjà des médecins pour soigner, non ? D’un côté ils tuaient et de l’autre ils guérissaient ?
– Oui, c’était assez aberrant. Ils n’avaient pas compris que les êtres vivants forment un tout. Pour eux l’être humain, surtout l’homme blanc, était au-dessus de tout. Même de la Nature.
Un grand éclat de rire fait vibrer les cheveux crépus de Juliette et Matthieu comprend sa surprise.
– Oui, ils étaient ignares. Alors, la Nature les a avertis de plus en plus par des grandes catastrophes et maladies.
– Le prof nous a parlé de la peste, des tremblements de terre, de la grippe aviaire et des tsunamis.
– Oui, c’était affreux. Ils mouraient par milliers, mais rien n’a changé pendant des siècles et des siècles. Ils ont continué à tuer, exploiter et polluer pour s’enrichir.
Juliette se lève pour verser de l’eau dans la bassine avant de nettoyer la vaisselle.
– Oui, notre prof nous a parlé de la pollution aussi. Et c’est là que la Nature a décidé d’utiliser l’ultime moyen non ?
– Exactement, l’an 3 avant C.-V. elle a décidé lors d’une grande conférence interespèce de les enfermer pendant deux ans dans leurs maisons. Le temps qu’il fallût pour qu’ils arrêtent de se croire maîtres du monde.
– Et ça a fonctionné, papa ?
– Tu vois bien, sinon nous ne serions pas là.